Histoire des podcasts. C’est au début des années 2000 que les podcasts font leur apparition. Le nom français correct est d’ailleurs “baladodiffusion”, employé par les québécois. Les podcasts suivent de peu la numérisation des radios et leur diffusion sur le web. Jusque là, l’accès aux émissions de radio archivées était difficile. Peu à peu les radios commencèrent à proposer sur leurs sites internet une réécoute des émissions passées en replay. Et le mp3 permettait de se libérer de la matérialisation des supports audio. Mais surtout il permettait d’écouter les émissions sans aucun impératif horaire, lorsque chacun en décidait… puis d’interrompre la lecture et la reprendre quand il le voulait. Alors certains eurent l’idée d’enregistrer des émissions uniquement pour une écoute différée. Et les premières plateformes de podcasts ont fait leur apparition.
En France, Arte Radio fut sans doute un des premiers sites à proposer uniquement une sélection de podcasts, dès 2002. Chacun pouvait ainsi, de chez soi, pour peu qu’il soit équipé d’un ordinateur et d’un micro, enregistrer un podcast et le proposer à l’écoute. Si cela a commencé à intéresser des animateurs, journalistes ou producteurs professionnels sans emploi, cela va toucher aussi de nombreux particuliers qui vont ainsi partager une passion, faire écouter la musique qu’ils aiment ou simplement raconter leur vie. Comme les réseaux sociaux, le podcast va libérer la parole et ouvrir les portes de l’intime.
Alors le podcast est-il de la radio ? Les radios elles-mêmes nous avaient habitué à écouter des émissions enregistrées au détriment du direct. Même les programmes de la nuit de toutes les radios nationales avaient été remplacés par une rediffusion des émissions de la journée. L’INA ouvrait ses archives pour une consultation à la demande des archives des émissions de télé ou de radio, et le succès était au rendez-vous.
Le direct devenait-il un luxe réservé à quelques puristes de la radio ? Il est vrai que rien ne peut remplacer la magie de quelqu’un qui vous parle en direct de l’autre bout du pays ou de la planète. C’est vrai évidemment pour l’information qui vit dans dans l’instantanéité et qui ne souffre aucun décalage, ne serait-ce d’une heure. Et qui peut remplacer la sensation indéfinissable d’écouter la même chose au même moment par des milliers ou des millions d’individus ? Ces questions se posent aussi pour la télévision qui est concurrencée par les plateformes de vidéos à la demande. Aujourd’hui la tendance est la fin du direct… avant que cela ne redevienne tendance.
A peine les nouvelles webradios étaient en ligne avec leur diffusion presque 100 % musicale qu’elles furent concurrencées par les nouvelles plateformes de streaming qui offraient une écoute “à la carte” d’un catalogue musical presque sans limite. Myspace naissait en 2003, Youtube et Dailymotion en 2005, Deezer et Soundcloud en 2007, Mixcloud en 2008 et Spotify en 2009. Elles seront les premières plateformes de streaming musical ouvertes aux jeunes artistes, aux musiciens, aux DJ’s, tout en offrant un accès aux millions de titres du patrimoine musical de l’humanité. Cela n’entrava pas le développement des webradios et n’eut que peu d’impact sur celui des radios FM. Chacun y trouvera sa spécificité et s’adaptera pour offrir une complémentarité. Mais il est vrai que cela va avoir des répercussions sur le contenu des programmes. Comme la télévision eut, 60 ans plus tôt, des répercussions sur le contenu des programmes radiophoniques, sans jamais avoir, pour cela, tué la radio.
Que ce soit au sein même des radios, des webradios ou des plateformes de streaming, le podcast va s’imposer partout.
Mais l’offre étant devenue pléthorique, la difficulté pour l’auditeur est de pouvoir choisir la programmation qui va correspondre au plus près à ses goûts, sans passer trop de temps à chercher, car l’écoute passive reste encore d’un grand confort. Les algorithmes vont venir au secours des plateformes de streaming pour offrir à chacun ce qu’il aime. Les radios vont multiplier une offre de bouquets de webradios très ciblées afin de s’adapter au plus près aux goûts de chacun.
Mais le podcast va surtout sortir de l’offre 100% musicale. Il va permettre de faire renaître des genres oubliés par les radios qui se concentraient sur leur offre musicale. Le théâtre ou les feuilletons radiophoniques, qui avaient eu tant de succès dans les radios des années 30 à 60, avaient totalement disparu des antennes, à part peut-être celle de France Culture. Aujourd’hui, grâce aux podcasts, de nouveaux auteurs peuvent s’exprimer à travers des feuilletons radiophoniques particulièrement adaptés à une écoute à la demande… comme la lecture d’un livre que l’on ne savoure que durant ses moments de repos.
Les journalistes vont y trouver aussi une façon de traiter des sujets en profondeur, avec du recul par rapport à l’actualité, en prenant le temps d’enquêtes approfondies et des explications détaillées qui ne sont plus possible à la radio où les sujets doivent être traités en moins d’une minute.
Les podcasts vont aussi permettre d’aborder des thématiques ou des sujets peu traités par les grands médias, que ce soit la radio ou la télévision. Ils vont permettre à des minorités de s’exprimer.
Ils vont être éducatifs, informatifs, distrayants… bref toutes les missions qui incombent aussi à la radio depuis son invention.
La seule question qui n’a pas encore trouvé une réponse définitive est le financement des “podcasteurs”. Les plateformes comme Youtube proposent désormais une monétisation des vidéos les plus populaires. Toutes les nouvelles plateformes qui hébergent des podcasts perfectionnent aussi le mode de financement des auteurs. Aujourd’hui, youtubeurs et podcasteurs sont peu nombreux à pouvoir vivre uniquement de leurs œuvres. Mais la règle reste immuable : il faut plaire et devenir populaire pour pouvoir faire de l’audience et donc de l’argent.