Histoire des radios des Hauts-de-France. Les Hauts-de-France, rassemblement du Nord Pas-de-Calais et de la Picardie, a été une région pionnière dans l’histoire de la radio. En fait, la Picardie a plutôt été ballottée entre les radios du Nord Pas-de-Calais et celles de la région parisienne. En effet, dès les années 20, les puissants émetteurs de la région parisienne couvrent toute la région et l’on peut entendre parfaitement les premières radios nationales (Paris PTT, Radio Tour-Eiffel, Radio Paris etc…). Mais une grande station nationale est également inaugurée en 1927 à Lille, Radio PTT Nord. On peut entendre bien au delà de l’actuelle région des Hauts-de-France. Cette station, avec l’accent chti, est une radio très populaire qui met en valeur la vie artistique de toute la région. En effet, elle ouvre ses micros aux artistes locaux, aux orchestres et aux fanfares du Nord, au théâtre local. Mais elle s’éteindra avec l’occupation allemande.
Le monopole.
A la libération, le monopole d’Etat entraine aussi une plus grande centralisation de la radio sur Paris. Puis les radios régionales de la RTF, ORTF puis FR3 vont voir progressivement une partie de leur budget partir vers la télévision naissante. En effet, celle qui est devenue Radio Lille, n’a plus le prestige de son ancêtre Radio PTT Nord. La station émet en décrochage du relai OM de la radio nationale (Paris Inter, France Inter). Mais il faudra attendre le vrai développement de la FM dans les années 80 pour que la radio régionale retrouve plus d’autonomie et une grille de programme complète. Radio-France va lancer trois projets de radios décentralisées en France. A ce titre, elle inaugure en 1980 “Fréquence Nord” à Lille. Mais Radio France avait déjà lancé en 1973 à Lille une station musicale FIL (future FIP Lille). Fréquence Nord va rencontrer un grand succès d’audience et couvrir toute la région y compris la Picardie où elle a embauché des correspondants. Puis en 1982 Radio France récupère toutes les stations régionales de FR3. C’est ainsi qu’en 1985 le service public possède 3 stations sur la région : “Fréquence Nord” à Lille, “FIP Lille” et “Radio-France Picardie” à Amiens. En 2000, après la fermeture de FIP Lille, les 2 stations régionales s’appelle désormais “France Bleu Nord” et “France Bleu Picardie”.
Radios pirates.
Dans la région, le mouvement des radios libres a été anticipé bien avant le reste du pays. En effet, dès 1969, une radio pirate émet depuis le campus de l’agglomération lilloise : Radio Campus. La station, alors illégale, arrivera à diffuser ses émissions jusqu’à la libération des ondes en 1981 et continuera son histoire à travers les décennies puisqu’elle est toujours présente sur la FM lilloise. Mais la véritable révolution des radios libres, à la fin des années 70, va être générée dans la région par les syndicats ouvriers et les mouvements de gauche. En effet, Radio Quinquin dans le Nord et, dans une moindre mesure, Radio Lafleur à Amiens, vont être à la pointe de la contestation du monopole dans la région dès 1979. Toutes les deux sont lancées par le syndicat la CGT en pleine crise de la sidérurgie.
Radios libres
Derrière elles vont s’engouffrer plusieurs centaines de petites radios qui vont éclore dans tous les départements du Nord Pas-de-Calais et de Picardie et devenir les nouvelles radios des Hauts-de-France actuelles.
Même si les revendications linguistiques sont plus marginales que dans d’autres régions, comme la Bretagne ou le Pays Basque, une radio va néanmoins revendiquer la promotion du flamand, langue encore parlée dans certaines parties de la région. En effet, Radio Uylenspiegel va promouvoir cette langue dans une région qui est très majoritairement francophone même si le chti en fait sa particularité avec quelques variantes du Nord à la Picardie où on parle plutôt le Picard. Aucune radio ne va se consacrer à 100 % au chti ou au picard, mais les émissions ne vont pas manquer sur de nombreuses antennes, et l’accent va être revendiqué comme un marqueur fort de la région. Quant à Radio Uylenspiegel, la meilleure preuve de sa légitimité est qu’elle existe toujours.
Musique régionale.
Par ailleurs la musique régionale va caractériser, en France, beaucoup de radios libres, alors qu’elle était totalement absente sur les ondes officielles. Dans le Nord Pas-de-Calais ou en Picardie, s’il n’existe pas une musique qui plonge ses racines dans le moyen-âge, la culture ouvrière et populaire est encore très présente dans les années 80-90. Ainsi, l’accordéon, le musette et les fanfares vont avoir droit de citer sur de nombreuses petites radios associatives qui ciblent un public âgé délaissé, lui aussi, par les ondes officielles. Mais la jeunesse veut également se faire entendre sur les nouvelles radios. Si la musique urbaine va être valorisée dans de nombreuses émissions, c’est plutôt la techno qui va caractériser de nouvelles petites stations de la région. En effet, venue de Belgique, une techno “New beat” à la couleur particulière est appréciée des jeunes chtis. Quelques stations vont avoir un large succès avec une programmation de cette musique que l’on n’entend pas dans les autres régions françaises. Galaxie, dans la région lilloise, mais aussi Contact FM, version années 90, vont déverser leurs décibels dans les écouteurs de la jeunesse de l’époque.
Les réseaux régionaux.
La région va connaître plusieurs tentatives de création de réseaux régionaux englobant le Nord Pas-de-Calais et la Picardie. A ce titre, le premier fut le réseau Métropolys. Il se constitua dans les années 80 et marqua durablement la mémoire des auditeurs de la région et même au delà. Disparu en 1992 lors d’une fusion malheureuse avec le réseau national Maxximum qui donna naissance à l’éphémère M40, Métropolys connait depuis peu une seconde vie, plus discrète, sur le web.
Puis le réseau Contact s’est développé après la disparition de Métropolys. Issu de Radio Contact, une petite station pop et soft rock de Roubaix, elle va devenir Contact FM dans les années 90 avec une programmation electro et de belles parts d’audience. Puis dans les années 2000 elle va reprendre quelques radios de la région, dont l’historique Radio Quinquin ou Radio Fugues en Picardie et commencer à développer son réseau. Mais, pour cela, elle va sacrifier sa couleur musicale pour devenir plus consensuelle et toucher un plus large public. Aujourd’hui elle couvre tous les Hauts-de-France, les Ardennes et la Marne.
Les webradios.
Aujourd’hui la région connait une explosion des webradios, surtout dans le département du Nord et beaucoup moins en Picardie. Là encore, la dance music, de la trance psychédélique à la deep techno, constitue l’essentiel de la programmation musicale de ces radios.