Histoire des radios de Corse. Dans les années 20 et 30 aucune radio n’émet depuis la Corse. L’île peut capter les programmes des émetteurs de Nice et de Marseille ainsi que les radios italiennes. D’ailleurs c’est une radio de propagande italienne, contrôlée par le pouvoir fasciste, qui va s’adresser aux Corses en s’annonçant “Radio Corse Libre”. Cette station cache son identité italienne et émettra depuis Bari jusqu’en 1940. Puis, de 1942 à 1943, c’est la radio nationale italienne qui diffusera un bulletin d’information quotidien en langue corse.
Enfin, l’île se libère des allemands en 1943 et le pouvoir gaulliste en prend la tête. C’est ainsi qu’il va mettre en place le premier émetteur de radio de l’île. “Radio Corse” est inaugurée le 4 mars 1944. Mais la station sert surtout de relai à la radio d’Alger pour être entendue sur la Provence Côte d’Azur et préparer les populations au débarquement. D’ailleurs cette station sera démantelée à la libération de la France en 1944. Ainsi la Corse sera de nouveau un désert radiophonique dans les années 50.
Les années 60
En 1958, un émetteur sera à nouveau érigé sur l’île mais pour relayer “Paris Inter” en Ondes Moyennes et sans décrochage local. C’est encore la station régionale de Marseille qui diffuse des informations (en français) à destination des Corses. Ce n’est qu’en 1963 qu’une émission quotidienne de 1/4 d’heure nommée “Radio Ajaccio” diffuse son programme en décrochage de l’émetteur OM corse.
En 1965, un studio permanent est installé à Ajaccio et les décrochages sont légèrement augmentés. A partir de 1966, une émission de poésie en Corse sera diffusée par “Radio Ajaccio”, seule dérogation à la langue française qui est pratiquée à l’antenne.
Les années 70 et 80
En 1975, FR3 prend la direction des stations régionales. La station corse s’appelle désormais “FR3 Corse”. Plusieurs émetteurs FM vont être déployés sur l’Ile pour relayer France Inter et France Culture ainsi que les décrochages de “FR3 Corse” qui dépend toujours de la Direction régionale de FR3 Marseille. Plusieurs attentats revendiqués par les autonomistes vont atteindre le studio et les émetteurs radio, ce qui va contrarier leur développement.
En 1983, Radio-France récupère les radios régionales. Elle décide de créer une véritable radio corse décentralisée du nom de “Radio Corse Frequenza Mora”. 8 fréquences lui sont attribuées en exclusivité sur l’Ile. La fin des décrochages permet de constituer une véritable grille de programme de 15 heures par jour. La station conserve son studio d’Ajaccio mais va installer son siège et un nouveau studio à Bastia.
La langue corse cohabite désormais à l’antenne avec le français. “Radio Corse Frequenza Mora” va continuer son développement et changera plusieurs fois de nom puisque son nom actuel est “France Bleu RCFM”. Mais elle va désormais être en concurrence avec les radios privées.
Les radios libres
C’est une nouvelle fois du sol italien que les premières radios libres vont contester le monopole d’Etat de la radio mais aussi le pouvoir français sur la Corse. En effet, de 1977 à 1979, “Radio Corsica Viva” émet depuis l’Ile d’Elbe en Italie en direction de la Corse. Le monopole de l’état italien de la radio ayant explosé avant la France, les stations privées peuvent s’y développer librement et anarchiquement.
Puis, en 1980, c’est une station encore plus puissante qui va émettre de l’Ile d’Elbe et arroser l’intégralité de la Corse : “Radio Corsica International” (RCI). Les autorités françaises vont interdire son implantation sur l’ïle et faire pression sur l’Italie pour la faire taire. Mais c’est un attentat qui détruira son émetteur et la résidence corse de son responsable. RCI réussira à installer des émetteurs illégaux sur le territoire corse mais finira par jeter l’éponge au début des années 90, n’ayant jamais reçu d’autorisation d’émettre.
C’est le réseau Nostalgie qui récupérera ses émetteurs avec des décrochages régionaux, cette fois en toute légalité.
Par ailleurs une dizaine de radios vont se lancer sur la Corse après la libération des ondes. Quelques unes d’entre elles vont être dirigées par les autonomistes corses et s’exprimer exclusivement en corse. Mais la plupart des autres radios vont s’exprimer indifféremment en corse et en français. Contrairement à ce qui se passe dans les autres régions françaises, les réseaux nationaux vont avoir quelques difficultés à récupérer les fréquences. Entre attentats sur les émetteurs et pressions diverses, ils ne pourront le faire qu’à condition de conserver des programmes locaux en décrochage.
Des années 2000 à aujourd’hui.
Aujourd’hui le paysage radiophonique corse s’est apaisé. Presque tous les réseaux nationaux y sont présents avec des émissions locales en décrochage. Les radios associatives de proximité se sont implantées sur toute l’île et le service public assuré par “France Bleu RCFM” ne semble plus contesté. Que ce soit sur le service public ou les radios privées, la langue corse est désormais très présente dans les émissions quelque soit d’ailleurs la couleur musicale de la radio.
Depuis les années 2000 quelques webradios, parfois initiées par les radios FM déjà en place, vont permettre de diversifier l’offre musicale. Certaines sont aussi 100 % en langue corse et promeuvent la culture et la musique corse.