Histoire des radios d’Andorre. Depuis le 13ème siècle l’Andorre est une principauté sous l’autorité de deux co-princes. A l’origine, c’était l’Évêque d’Urgell, en Espagne, et le Comte de Foix, de l’autre côté des Pyrénées. Au cours des siècles ce pouvoir a été transféré du côté français au roi de France puis au Président de la République française. Ainsi, Espagne et France exerçaient une sorte de tutelle sur ce pays très peu peuplé, pauvre et sous équipé.
Les années 30 et 40.
Dans les années 30, l’Andorre se réveilla avec la création d’une centrale électrique qui lui permit d’avoir l’électricité et surtout d’une radio qui lui permit de faire parler d’elle dans le monde entier. C’est un des pionniers de la radio française qui créa Radio-Andorre en 1939, le Toulousain Jacques Trémoulet, propriétaire d’un empire radiophonique privé en Europe. Pour obtenir une concession radiophonique, il offrit à la principauté l’installation du téléphone. Puis, comme Radio-Luxembourg à Luxembourg, il monta un puissant émetteur destiné à couvrir tout le territoire français. Radio-Andorre fut donc la deuxième radio périphérique française, radio de capitaux français, dirigée par des français, vers un auditoire français, des annonceurs français, mais dont l’émetteur était situé à l’étranger. Ainsi elle échappait à la législation française concernant les radios privées qui étaient souvent menacées de nationalisation et aussi au régime fiscal français.
Mais Radio-Andorre fut surtout l’outil d’ouverture de l’Andorre au reste du monde. Si son émetteur OM couvrait la France et une grande partie de l’Espagne et de l’Europe, son émetteur OC pouvait être entendu à l’autre bout du monde. Comme le pays à cette époque, la station parlait français et espagnol (castillan). Le Catalan restait la langue maternelle des Andorrans mais les deux langues officielles étaient le Castillan et le Français. Profitant de la neutralité de la Principauté durant la deuxième guerre mondiale, Radio-Andorre poursuivit ses émissions qui étaient musicales et sans information ce qui lui permettait de ne pas heurter ni les alliés ni les forces de l’axe.
Les années 50 et 60.
Néanmoins, à la Libération, son propriétaire fut accusé de collaboration, chassé de ses radios françaises qui furent fermées et obligé de se réfugier en Espagne. Mais Radio-Andorre, qui échappait toujours à la législation française, poursuivit ses émissions. De pressions en intimidations, le gouvernement français tenta, en vain, de la faire taire. Pour cela il créa, entre autres, une seconde radio OM en Andorre : ce fut la naissance en 1958, de Radio des Vallées d’Andorre qui devient Sud Radio. Ainsi ce petit pays possédait deux puissantes radios. Quant à la France, qui avait interdit la radio privée sur son territoire en 1945, elle disposait de 5 radios privées périphériques : Radio Luxembourg, Radio-Andorre, Radio Monte-Carlo, Europe 1 et Sud-Radio.
Les années 70 et 80.
A la fin des années 70, l’Andorre voulut s’émanciper des tutelles françaises et espagnoles. Pour cela elle décida de ne pas renouveler les concessions des deux radios qui prenaient fin en 1981. Sud Radio quitta la Principauté pour émettre depuis la France et transféra ses studios à Toulouse. La fin du monopole d’État en France coïncida avec ce transfert. En revanche, Radio-Andorre, ferma définitivement son antenne.
Alors que les radios libres se multipliaient en France, l’Andorre voulut, elle, instaurer une radio nationale. Mais il fallut attendre 10 ans, en 1991, pour que cette radio nationale soit opérationnelle. Cette fois elle émettait en catalan, la nouvelle langue officielle de l’Andorre, mais surtout en FM, ce qui ne lui permettait plus d’être audible au delà de la principauté. Entre temps, en 1986, une nouvelle radio privée de droit andorran, obtint une concession : Radio Valira. Mais là aussi, il n’était plus question de parler français à l’antenne.
Les années 90 et 2000.
La nouvelle radio d’État, en catalan, “Radio Nacional d’Andorra” se développa avec, aussi, la création d’une chaine de télévision. Parallèlement, d’autres radios privées, le plus souvent de capitaux espagnols, se développèrent sur la Principauté. Mais l’opinion publique andorrane restait très réticente à la création d’une radio privée en langue française sur son territoire, alors que le Français restait une langue pratiquée, notamment dans les commerces qui vivaient majoritairement grâce aux touristes français.
La langue catalane s’étant émancipée du côté espagnol, elle s’imposa sur toutes les nouvelles radios andorranes. Les principales radios privées catalanes disposèrent d’un studio et d’une équipe en Principauté d’Andorre.
En revanche, aucun réseau français ne créa de décrochage en Andorre. Au même titre que les stations de la la radio nationale espagnole (RNE), le service public français obtient un réémetteur en Andorre, ce qui permit d’entendre en Principauté France Inter, France Musique et France Culture. Seul le réseau privé NRJ obtint aussi une fréquence, mais en émettant en passif, sans studio local.
Les années 2010 et 2020
En Andorre, comme partout dans le monde, la numérisation des radios dans les années 2000 permit de créer des webradios audibles dans le monde entier. Ce fut aussi le cas des radios FM andorranes de langue catalane. Mais l’époque où les auditeurs du monde entier cherchaient à écouter Radio-Andorre était révolue.
Et là aussi, les initiatives de langue française vont être très rares.
Créée par un équipe franco-andorrane en 2004, la webradio “KW Rock” diffuse une programmation 100 % musicale, rock, hard rock, heavy métal. Son site internet s’exprime en français, catalan, castillan et anglais.
Pour commémorer les 80 ans de la naissance de la radio en Andorre, en 2019, un ancien de Radio-Andorre et Sud Radio lança une webradio éphémère “Andorre Web Radio”. Elle s’exprimait en français avec des archives sonores de l’ex Radio-Andorre et de Sud Radio. Hébergée par la plateforme Radionomy, elle cessa ses émissions au 1er janvier 2020 avec la fermeture de Radionomy.
Mais ces quelques initiatives ne font pas oublier que la Principauté d’Andorre reste encore très frileuse par rapport à l’expression en français sur ses ondes. Si d’autres initiatives voient le jour, elles seront les bienvenues dans cette rubrique.
