Histoire des radios de Seine-Saint-Denis. C’est en 1936 que le « Poste de l’Ile-de-France », station privée et régionale de Paris, installe son émetteur dans le département de la Seine à Romainville. Une partie de ce département deviendra la Seine-Saint-Denis. « Le Poste de l’Ile-de-France » sera la station parisienne du groupe Trémoulet, propriétaire de « Radio Toulouse » et d’autres radios de province. Il se taira comme toutes les radios de la moitié nord de la France en 1940 avec l’arrivée des Allemands. Mais cet émetteur sera remis en marche en 1945 pour relayer la seconde chaine de la RTF « Le Programme Parisien ».
Les radios pirates.
A partir de 1977 une dizaine de radios vont émettre illégalement sur la Seine-Saint-Denis. Ce département a la particularité d’abriter des populations immigrées importantes et de toutes origines, Maghreb, Turquie, Afrique noire, Antilles. Mais il a aussi une longue histoire ouvrière et la plupart de ses villes et institutions sont des bastions communistes. Évidemment cette particularité va se retrouver à travers les radios pirates de Seine-Saint-Denis.
Elles vont souvent émettre avec très peu de moyens et dans des conditions précaires. Certaines n’émettront que durant quelques jours, d’autres de manière irrégulière. Elles seront le fait de syndicats, de partis politiques ou de comités d’ouvriers comme « Radio Dufour en Lutte », « Radio Darboy en Lutte », « Radio Prolo », « Radio Vivre et Travailler en Seine-Saint-Denis ». Mais elles pourront aussi être libres et indépendantes de tout parti ou syndicat, tout en étant animées par des jeunes militants de gauche ou d’extrême gauche comme « Radio 93 » ou « Radio Zone 93 ».
C’est une librairie anarchiste de Saint-Denis « Les Dégling’s » qui servira souvent de boite aux lettres mais aussi de studios à certaines d’entre elles. Elles ne seront pas épargnées par les saisies, les procès et aucune d’entre elles ne survivra aux années 70.
Les radios libres.
Dans la mouvance des radios de gauche des années 70, les radios de Seine-Saint-Denis des années 80 ne rentreront pas dans la logique commerciale. Et leur soif de liberté les empêchera de rentrer dans le système d’autorisations nécessaire pour avoir le droit d’émettre. D’autant plus que la proximité de Paris et l’encombrement de la bande FM ne laisse pas beaucoup de fréquences disponibles. Elles refuseront les regroupements de stations sur une même fréquence et leur multiplication anarchique va constituer un problème.
Près d’une trentaine de radios vont naître dans les années 80. Mais leur durée de vie moyenne ne sera que de quelques mois, car elles resteront pour la plupart illégales.
Une seule radio va connaître un destin national. C’est « Radio TSF » née en 1982. Cette station appartient à la section départementale du Parti Communiste à Bobigny. Elle est animée par des militants du parti mais elle se veut très professionnelle, avec une rédaction, des émissions à thème, des débats, des reportages et une programmation musicale assez éclectique.
Elle va obtenir son autorisation d’émettre en 1983 et en 1990 elle va fusionner avec 4 autres radios communistes d’Ile-de-France sous son nom « TSF ». Sa rédaction comprendra jusqu’à 40 journalistes. Puis, au début des années 90, elle va se rapprocher d’autres radios de gauche en région et constituer le réseau TSF qui va comprendre 19 fréquences en France. Hélas, diverses dissensions avec les stations locales qui vont quitter le navire vont précipiter sa chute. Elle sera contrainte d’arrêter en 1999 et sera vendue au groupe Novapress qui détenait la station parisienne « Radio Nova » à Paris. Ce qui restait du réseau va s’appeler dorénavant « TSF Jazz », une radio à la programmation musicale jazz. Ce réseau existe toujours mais n’a plus grand chose à voir avec le réseau TSF des années 90.
Les webradios.
Dans les années 2000, il ne reste pratiquement plus de radios FM avec des studios en Seine-Saint-Denis. En revanche, le principal problème de ce département, qui est le manque de fréquences disponibles, va pouvoir être contourné par la diffusion sur le net qui peut se multiplier à l’infini.
L’ère des radios militantes communistes est beaucoup moins d’actualité. En revanche, les minorités ethniques vont multiplier les webradios. Aujourd’hui les webradios de Seine-Saint-Denis proposent de la musique créole, latine, haïtienne, turque, etc… des radios religieuses évangéliques vont aussi se créer à base de gospel et de prêches animés.
