Formation Emploi

Formation emploi. A l’époque où les radios françaises se comptaient sur les doigts des mains, c’est à dire jusqu’aux années 80, les débouchées pour les métiers de la radio étaient très restreintes. Si les techniciens HF ou BF nécessitaient formation et apprentissage, le métier de speaker puis d’animateur n’avait pas d’école de formation. Les premiers à s’exprimer devant un micro dans les années 20 furent recrutés parmi les comédiens. Les journalistes, issus de la presse écrite, s’occupaient de la rédaction mais ne s’exprimaient jamais au micro. Seul le speaker avait le droit de s’exprimer au micro pour la présentation des émissions, la lecture des communiqués et des publicités mais aussi des journaux d’information.

Et ce métier fut sanctuarisé. N’avaient le droit de l’exercer que ceux dont la voix était radiophonique, la diction impeccable et un vocabulaire très étendu. Une grande culture littéraire était un plus.

Dans les années 50, la formation des professionnels de la radio publique se faisaient au Centre d’Enseignement de la RTF, essentiellement pour les techniciens et les administratifs. Un Studio Ecole à Maison Laffitte formait les cadres de la radio d’outre-mer.

Dans les années 50, la RTF employait une quarantaine de speakers, majoritairement des hommes. Les radios périphériques avaient chacune une dizaine de speakers attitrés. Leur recrutement se faisait par le directeur des programmes et souvent dans le vivier des radios régionales. Pour les périphériques il y avait aussi un parcours ascendant, des plus petites aux plus importantes. Généralement les futures speakers et animateurs faisaient leurs premières armes à Radio-Andorre, Sud-Radio puis pouvaient passer à Radio-Monte-Carlo pour finir peut-être leur carrière à Radio-Luxembourg. Mais rarement la radio publique n’employait les speakers des radios privées. Il y avait un cloisonnement hermétique entre le public et le privé, ce qui ne sera plus vrai quelques décennies plus tard.

Puis en 1956, un troublion vint faire exploser cet organisation bien huilée. C’est Europe 1. La nouvelle radio périphérique ne voulait plus de speakers au ton compassé et poussiéreux.  Elle voulait des « meneurs de jeux », des animateurs qui s’adressent tantôt avec humour, tantôt avec complicité aux auditeurs et aux auditrices. Fini le « chers auditeurs », désormais, c’est un ami qui s’exprime au micro. Cela provoqua rapidement la totale disparition du métier de speaker dans les années 60.

Puis dans les années 80, avec l’explosion des radios libres, c’est la libre parole pour tous.  Chacun vient s’exprimer au micro, sans aucune formation. C’est le règne de l’amateurisme. Heureusement certains apprirent rapidement leur métier et purent exercer de longues carrières. Devant la multitude d’animateurs que compta la France et avec la professionnalisation des radios, les écoles de formation devinrent indispensables.

Radio France continua à former son personnel dans un studio école à Melun. Plusieurs écoles de journalistes en France à Paris, Lille, Bordeaux, Strasbourg forment les futurs journalistes. Des studio écoles privés se sont ouverts en région et à Paris, et des écoles dispensent une formation aux métiers du son. Mais le métier d’animateur est un métier artistique, et ce qui fait le succès d’une carrière, c’est la popularité auprès du public. C’est donc devant un micro, sur le tas, que le bon animateur va arriver à faire la différence.

A la fin des années 90, après la concentration des réseaux, le fermeture de très nombreuses petites radios, les places devinrent beaucoup plus rares et parmi tous ces animateurs et techniciens qui avaient fait fonctionner ces radios libres, beaucoup durent changer de métier. Même de grands noms de la radio française se retrouvèrent au chômage ou durent se recycler dans l’animation de grandes surface, ce qui n’est pas un métier facile et assez peu gratifiant.

Puis dans les années 2000, avec le développement de l’internet et de la numérisation du son, beaucoup d’anciens animateurs se mirent à leur compte en proposant des prestations de « voix off » à la carte. Enfin, avec le développement des webradios, certains retrouvèrent le plaisir d’animer en direct leur propre radio.