Histoire des radios de Belgique. On peut considérer que la Belgique a été pionnière en Europe en matière radiophonique. En effet, c’est le 28 mars 1914 qu’une première émission de radio est diffusée sous forme d’un concert qui deviendra hebdomadaire depuis le Château de Laeken avec une unique auditrice : la Reine Elisabeth de Belgique. Mais il est probable que quelques bricoleurs “sans-filistes” ont pu aussi capter cette émission, car les postes récepteurs ne bénéficiaient encore d’aucune production industrielle. D’ailleurs cette émission ne dura quelques mois avec un émetteur de 2 kW sur Ondes Longes (165 kHz) et elle fut interrompue par la guerre. Ce n’est qu’en 1923, en même temps que dans de nombreux pays européens, que la première radio belge de langue française commença ses émissions régulières. En effet, c’est la radio privée “Radio Bruxelles” qui deviendra “Radio Belgique” en 1924. Elle avait été précédée, en 1922, de la radio privée flamande “Radio Antwerpen”. Puis, en 1930, le ministère des PTT belge lança la création de l’INR (Institut National Belge de Radiodiffusion) organisme de radiodiffusion d’Etat qui rachètera Radio Belgique qui avait aussi lancé une radio en néerlandais, N.V. Radio. Néanmoins, c’est un régime mixte qui fera cohabiter la radio d’État et un secteur privé, comme en France. Mais ce dernier sera très encadré, avec des autorisations révocables. L’INR disposera d’un émetteur pour les émissions en français et d’un second émetteur pour les émissions en flamand. Dès 1934, des émissions seront également envoyées en Ondes Courtes à destination du Congo Belge. Quant aux radios privées, au nombre de 13 avec les radios flamandes, elles n’auront qu’une faible couverture locale : les stations d’expression française seront Radio Wallonia, Radio Binche, Radio Ardennes, Radio Schaerbeck, Radio Conférence, Radio Liège Expérimental, Radio Cointe, Radio Ottomont, Radio Verviers, Radio Châtelineau, Radio Wallonie. En 1934, la plan de fréquences européen les obligera a abandonner leurs fréquences pour se partager trois fréquences qui couvrent la Belgique, le 200m, le 201m et le 267m.
Puis, en 1940 les Allemands vont s’emparer des installations de l’INR pour diffuser un nouveau programme sous leur entier contrôle : Radio Bruxelles – Zender Brussel. En même temps, les radios privées seront réduites au silence. C’est en 1942, que le gouvernement belge en exil crée la RNB (Radio Nationale Belge) qui diffusera ses émissions depuis la BBC à Londres puis en Ondes Courtes depuis Léopoldville au Congo Belge dès 1943.
Puis, au lendemain de la Libération de Bruxelles en 1944, la RNB s’y installera et elle redeviendra l’INR en 1945. Mais, cette fois, un monopole de diffusion sur le territoire sera instauré avec la suppression de toutes les radios privées. En revanche, l’INR créera des studios dans les provinces wallonnes, à Mons, Liège et Namur. En 1960, l’INR laisse la place à la RTB (francophone) et à la BRT (néerlandophone). La RTB propose 3 programmes sur 3 fréquences, un programme généraliste avec de l’information, un programme régional qui sera alimenté par 4 centres de productions régionaux et un programme de musique classique et de culture. En 1994, la RTBF propose 4 programmes : La Première, Fréquence Wallonie (avec des décrochages régionaux), Radio 21 (chaine pour les jeunes) et Bruxelles Capitale (chaine couvrant la région de Bruxelles). Puis, en 1977, une réforme de l’audiovisuel public crée trois instituts d’émissions : La RTBF (francophone), la BRTN (flamande) et la BRF (allemande). En 1990 et 1991, les communautés françaises et flamandes autoriseront également la publicité sur le service public.
Quant à la radio privée, interdite d’émetteurs sur le pays, elle sera néanmoins très présente grâce à Radio Luxembourg (future RTL) qui émet du Grand-Duché et qui couvre tout le pays dans d’excellentes conditions d’écoute. Mais, la station périphérique aura des bureaux et une régie publicitaire à Bruxelles et même un studio à partir des années 50. En revanche, l’émetteur sera toujours au Luxembourg.
Une première radio libre naîtra sur le campus de Bruxelles en 1968 mais sera très éphémère. En 1978, “Radio Eau Noire” est une radio pirate de la mouvance écologiste et libertaire. En même temps, les radios libres vont apparaître dans tout le pays. Elles seront tolérées en 1980. A partir de 1986, elles seront autorisées à faire de la publicité. Les autorisations officielles et individuelles seront délivrées à partir de 1988. Le premier réseau du pays se constitue au 1er janvier 1987 : SIS (Station Indépendante Satellite). En 1991, la radio périphérique RTL va créer en Belgique Bel RTL qui disposera d’un réseau de fréquences dans la Wallonie, la plupart ayant été reprises à RFM du groupe Rossel. Un autre groupe privé va émerger à la même époque : Radio Contact avec 12 fréquences dans tout le pays. Mais ce sont surtout les réseaux privés français qui vont s’emparer des fréquences avec NRJ, Nostalgie, Fun Radio et des programmes conçus en Belgique…
Les années 2000 vont connaitre une explosion comparable à celle des radios libres des années 80, avec l’apparition des webradios. La société belge Radionomy va proposer une plate-forme destinée aux webradios en leur offrant l’hébergement, le paiement des droits d’auteur, des banques de programmes thématiques en échange d’insertions publicitaires mutualisées. En l’espace d’un an ce sont plus de 1000 webradios belges mais aussi françaises qui vont utiliser les services de Radionomy. Une régie publicitaire, une possibilité d’animer des émissions en direct, l’hébergement de sites web vont compléter l’offre. Radionomy va s’étendre à l’étranger et racheter d’autres sociétés comme Shoutcast et Winamp. Mais au 1er janvier 2020, Radionomy cesse son activité d’hébergement gratuit de webradios pour se concentrer sur l’activité de Shoutcast. 7000 webradios vont être obligées de se tourner vers un hébergement payant ou d’arrêter leur diffusion. Plusieurs milliers de webradios font fermer définitivement, notamment en Belgique. Seules les plus solides, qui auront trouvé leur marché publicitaire, vont poursuivre leur activité sur d’autres plate-formes, avec les radios confessionnelles ou communautaires qui sont financées par leurs adhérents.
A l’aube des années 2020, le paysage radiophonique belge est donc en pleine recomposition avec la disparition de Radionomy. Mais les radios FM traditionnelles y trouvent un peu plus d’oxygène, d’autant qu’elle peuvent aussi désormais émettre via le net et toucher un auditoire plus large.