Des années 20 au années 60.
L’histoire de la musique française à la radio est aussi ancienne que celle de la radio elle-même. Des années 20 au années 60, la programmation musicale des radios françaises était presque exclusivement réservée aux artistes français. Les goûts du public mais aussi l’influence prépondérante des maisons de disques sur la programmation radiophonique faisaient que les artistes non francophones étaient réduits à quelques émissions « exotiques » souvent consacrées à la musique latine mais le reste de la journée, c’était les grands chanteurs français des années 20 aux années 60 qui occupaient l’antenne. Si l’uniformité était dans la langue, elle n’était pas dans le style musical.
Déjà à cette époque il existait des familles de chanson française pour des publics différents. La chanson populaire, la chanson de cabaret, la chanson de music-hall, la chanson réaliste avaient chacune leurs grands artistes.
La chanson populaire puise ses racines dans le Moyen-Age et si elle est souvent consensuelle en parlant d’amour et de la vie de tous les jours, elle fut aussi parfois très partisane : des chants révolutionnaires, à la chanson ouvrière. Des airs connus de tous par la simplicité de leur mélodie vont traverser la société mais aussi les époques et s’inscrire définitivement dans notre mémoire collective. De « A ça ira » au « Temps des cerises » ces airs populaires ont résisté au temps.
La chanson de cabaret, plus légère et plus grivoise, née dans les cabarets parisiens mais aussi dans les cafés chantants et les cafés concerts (caf’ conc) avait sa place sur toutes les radios des années 20 à 60. Cette chanson a connu ses heures de gloire à la radio et symbolise souvent la chanson française, voir plutôt parisienne aux yeux des étrangers. Elle a parfois un coté « canaille » voire « graveleux » notamment avec les chansons interlopes mais l’ambiguïté et l’humour arrivent toujours à sauver l’honneur. Georgius, Dranem, Charpini et Brancato, Ouvrard, Suzy Solidor, Yvonne George ont symbolisé cette chanson de cabaret.
La chanson réaliste est à mi chemin entre la chanson de cabaret et la chanson populaire. Mais elle a une touche plus intellectuelle et appuie souvent sur la détresse et la misère humaine. Elle aborde des sujets comme la prostitution, la pauvreté, l’exclusion sociale, les enfants orphelins… Elle est symbolisée par des artistes comme Damia, Fréhel, Aristide Bruant…
La chanson de music-hall est celle des grands artistes de la chanson française. C’est surtout à partir des années 30 que les grands artistes de music-hall ont émergé : Maurice Chevalier, Jean Sablon, Charles Trénet, Tino Rossi… Ils seront suivi d’autres vedettes dans les années 50 et 60 comme Edith Piaf, Gibert Bécaud, Yves Montand, Charles Aznavour… Et ces artistes ont été non seulement des chanteurs interprètes mais souvent des artistes complets alliant la danse, le spectacle visuel comme les grandes meneuses de revue que furent Mistinguett, Joséphine Baker, Annie Cordy, Line Renaud…
A partir des années 50, une nouvelle génération de chanteurs, qualifiés de poètes de la chanson va faire son apparition. Leurs « chansons à texte » vont souvent être engagées. Léo ferré, Georges Brassens, Barbara, Jacques Brel, Jean Ferrat vont être suivi d’autres chanteurs engagés comme Maxime Le Forestier, Renaud, Bernard Lavilliers…
Mais la chanson française sera aussi ouverte aux influences étrangères. Dès les années 30, Charles Trénet sera un des premiers à introduire le swing américain dans son répertoire.
Les années 70-80.
Ces années marquent un tournant avec l’influence de la musique anglo-saxonne auprès de la jeunesse. Le rock et la pop envahissent le monde. En France de nombreux artistes de variété, comme Claude François, Françoise Hardy, Sylvie Vartan, Sheila, Dalida, vont franciser les grands tubes américains ou anglais sous l’impulsion des maisons de disques qui ne veulent pas voir le public abandonner les artistes français. C’est aussi l’époque des chanteurs « yé-yé » qui chantent en français des chansons anglo-saxonnes.
L’émission symbole des années yé-yé en France est incontestablement « Salut les Copains » sur Europe 1.
Mais un rock made in France va aussi avoir ses artistes : Johnny Halliday, Eddy Mitchell, Dick Rivers, Jacques Higelin… et puisque la mode est aux groupes, les groupes de rock français vont couvrir toute la palette de cette musique : Téléphone, Magma, Ange, Triangle, Atoll… Mais John Lennon dira que « le rock français c’est un peu comme le vin anglais ».
Les années 80, avec l’émergence des radios libres, vont voir le déclin de l’expression française à la radio.
Dégagées de l’influence des maisons de disques, les radios libres vont privilégier la pop et le rock anglo-saxons. A tel point que le législateur va conditionner leurs autorisation d’émettre au respect de quotas d’artistes français à l’antenne. En 1986, toutes les radios ont l’obligation de diffuser un quota de chanson d’expression française de 40 % minimum. Et sur ces 40% la moitié doit concerner de nouvelles productions et de nouveaux talents. Cela va rééquilbrer un peu la dérive des stations qui ne diffusaient plus du tout d’artistes français.
Ces quotas vont aussi permettre l’émergence de nouveaux artistes et de nouveaux styles musicaux français.
Des années 90 à aujourd’hui.
Les radios FM et les réseaux nationaux ont intégré les quotas. Et effectivement, des nouvelles scènes musicales françaises vont émerger.
Certains réseaux et des radios FM vont se spécialiser dans la chanson française. Nostalgie va lui consacrer une part importante de sa programmation dans les années 90 avant de s’ouvrir à son tour à l’anglais. Mais c’est surtout sur des stations comme « Chante France » à Paris ou les petites radios associatives de province que le français reste très présent.
Le rap et hip-hop français va enfin être diffusés à la radio et sortir des petites stations associatives confidentielles. C’est l’apparition de MC Sollar, NTM, IAM, et de quantités d’autres groupes de rap français.
Des artistes comme Serge Gainsbourg, Alain Bashung, Manu Chao, Les Négresses Vertes, les Rita Mitsouko, puis Louise Attack, Indochine, vont aussi réinventer un rock français plus personnel.
Mais d’autres styles musicaux comme la musique électronique vont permettre à de nouveaux artistes de se populariser en France mais aussi à l’étranger. C’est le phénomène de la « french touch ». De Cerrone à Daft Punk, les artistes français vont s’imposer sur la scène internationale par leur musique… mais avec des paroles qui ne seront pas toujours (rarement ?) en français.
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